Mathinées lacaniennes

Nomen, tractatus & fama, texte de Jean Périn

Intervention de Jean Périn après la conférence de Tom Datzell aux Mathinées lacaniennes du 6 avril 2013

Jean Périn : J'ai beaucoup apprécié ce que vous avez dit Monsieur sur la renommée. Vous avez beaucoup insisté sur la recherche de la renommée chez Joyce. Or, chez les canonistes, n'est-ce pas, pour cerner l'identification d'une personne, il y avait 3 éléments

- "Nomen" le nom,

- "Tractatus" et

- "Fama", le mot latin, évidemment chez nous ça évoque beaucoup de choses.

En tous les cas, oui il a essayé de se faire une renommée. Et le "tractatus", Marc Darmon vient de nous dire qu'il l'avait, mais "nomen" » il ne l'avait pas. Voilà. Je crois que tu nous as bien développé qu'il n'était pas carent vraiment et que son père l'avait traité en fils. Ça c'est sûr, mais pas avec le nom.

Alors on retrouve les 3 éléments des canonistes, que Joyce connaissait bien.

Tom Datzell : Intéressant.

M. Stoïanoff : Un parallèle avec le cas Van Gogh s'impose.

Jean Périn : Oui, sûrement.

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Sainte-Anne, le 17 avril 2013, exposé de Jean Périn :

NOMEN, TRACTATUS & FAMA

Mes chers amis, je suis dans l'incapacité de relire les quelques notes que j'ai. Je vais donc improviser.

Et improviser c'est utiliser la voix et non pas être serf de l'écrit.

Alors, il s'est trouvé aux dernières « Mathinées lacaniennes », le 6 avril, animées par Henri Cesbron Lavau et Virginia Hasenbalg, qu'un collègue irlandais est venu nous parler de Joyce et plus précisément de Finnegans Wake. Cet auteur, j'ai su par la suite qu’il était mariste, c'est-à-dire un « frère mariste », donc un homme en religion. Ça je ne l'ai su qu'après.

Il fait son exposé et puis Virginia donne la parole à Marc. Et Marc fait des remarques tout à fait judicieuses sur le père de Joyce car notre collègue irlandais qui se prénomme Tom, mais j'ai oublié son nom, ah ! Datzell, avec un « z ».

Au cours de son exposé, il a insisté sur le père de Joyce – John Joyce – et que ce père avait été carent et non garant, on entend tout de suite le mot garant derrière… Et il est revenu et ça fait plusieurs fois et Marc aussi..., il est très étonné de cela. Bien sûr le père de Joyce déménageait tout le temps, un vrai exilé, etc., il était couvert de dettes, enfin tout ça évidemment vient concourir à faire de lui un père qui n'est pas à la hauteur, un père qui est carent.

Et alors Marc dit « quand même il n'est pas si carent que cela ! » Parce qu'il a quand même transmis quelque chose, un certain savoir, à son fils. Notamment les jeux de mots, les mots valises, donc un certain sens du phonème, de la phonétisation. Ça c'est sûr et puis donc le chant. Voilà c'est ça : le chant. Autrement dit, Joyce a quand même un bagage qui lui vient de son père.

Marc dit aussi que Lacan n'était pas non plus tellement partisan de ce concept de père « carent » et que dans la métaphore paternelle, dans cette formule, il y a quand même le désir de la mère. C'est-à-dire que la mère est pour quelque chose dans le Nom-du-Père. Voilà en gros. Je résume et il va terminer par le lapsus de nœud et la fin du séminaire Le sinthome avec les trois droites à l'infini et le cercle qui les réunit. Et il dit à la fin du séminaire Le sinthome qu'il retrouve les 4 éléments, les 4 ronds du début.

Voilà en gros ce qu'il a dit. Puis il y a des gens qui ont posé des questions.

Naturellement, au dernier moment, j'interviens, c'est-à-dire en dernier, comme je fais toujours. Mais là je sentais qu'il fallait que je le fasse et j'ai senti que j'étais dans la hâte.

Alors j'ai produit cette intervention, j'ai dit ceci, à l'adresse à la fois de Tom et de Marc.

J'ai dit au collègue irlandais : vous avez parlé de la re-nommée. Il l'a bien dit comme ça : re-nommée. Alors je lui ai dit que c'était un terme latin, de la scolastique, c'est-à-dire des canonistes, de la première scolastique. Il dit d'accord et je dis à Marc « tu as bien raison aussi de nous dire que le père n'était pas tellement carent » car Monsieur Joyce – le père – effectivement il s'est bien occupé de son fils, c'était une façon de le traiter en fils, c'est-à-dire « Tractatus » – le 2e mot de la triade. « Tractatus » c'est le traiter en fils, comme le fils peut traiter son père aussi, ça va ensemble.

Alors je dis « le nom n'est pas passé ». Nomen – le nom – n'est pas passé. Il y a eu « Tractatus » et puis « Fama », la renommée, puisque c'est ça qu'il voulait. Et que bien sûr la renommée, par une sorte de rétroaction, ce serait vraiment à étudier mais c'est quand même assez simple, par une sorte de rétroaction : la renommée se fait « renom », c'est-à-dire va prendre la place du nom. D'où le “Joycien” et le “sinthome” de Joyce.

Voilà donc la question qui est la suivante : mais comment se fait-il qu'un père qui a traité son fils en fils ne laisse pas passer le nom ? Et en fait éventuellement un psychotique !

Voilà la question… Il ne transmet pas le nom. Il n'y a pas de transmission du nom. Mais il est traité vraiment en fils.

Alors bien sûr, pour ça, on peut s'appuyer sur des cas cliniques où effectivement on voit dans la clinique des dispensaires surtout, même en privé, des pères qui traitent leurs fils vraiment en fils. Ils font vraiment un bon boulot mais le fils est psychotique. Voilà. Il y a quelque chose du nom qui n'est pas passé. Voilà.

Alors, Marc, il y a eu une excellente réaction du collègue de Marc, et d'Henri qui m'a téléphoné le lendemain. Marc m’a demandé « Mais où as-tu trouvé ça ? » — C'est ma culture personnelle. « Mais où as-tu parlé de ça ? » Alors j'ai cherché dans tout ce que j'ai pu écrire et le « Nomen, Tractatus et Fama » apparaissent dans les bouquins sur le transsexualisme. Voilà comment j'ai remis le nez dans ces deux bouquins qui sont absolument remarquables, très complets. Trop peut-être ? Mais très bien foutus, très bien organisés. Et c'est là que j'avais parlé de ça et à propos du transsexuel. Je vais en dire deux mots car il faut tout de même après progresser.

J'avais indiqué quelque chose d'important : c’est qu’il y avait bien dans le transsexualisme « Nomen, Tractatus et Fama ». C'est comme ça que j'ai vu le transsexualisme. Et au-dessus, il y avait l'acte de l'État civil. Ça faisait 3 choses plus l'acte. Et le problème du transsexuel, c'était de faire rectifier l'acte. De le faire corriger car il ne correspond plus à son corps, à son apparence corporelle et surtout à son senti. Alors voilà la question.

Le transsexuel demande à l’État civil de corriger une erreur sur le sexe. Lors des procès on remit à l’honneur La Possession d’état qui n’est autre que Nomen, Tractatus et Fama.

Joyce demande à son œuvre et aux commentateurs de corriger une erreur de nœud.

Donc « Nomen, Tractatus & Fama » : j'ai envoyé à Marc des photocopies et il y a une thèse de doctorat là-dessus justement qui a été même publiée. En voici le titre et le nom d'auteur, peut-être la trouverez-vous sur Internet[1]. Ce livre j'ai été le chercher au collège sainte-Barbe, dans lequel sont maintenant les locaux de la bibliothèque d'Histoire du droit et droit romain, la bibliothécaire m'a tout de suite renseigné et j'ai su qu'il y avait une thèse très intéressante, malheureusement il y a beaucoup de termes de droit, il faut une petite culture pour le lire, mais je pense que c’est très lisible par tout le monde. Il y a beaucoup de latin. C'est là une époque où les concepts se forgeaient dans une langue – la langue latine – qui était au fond une langue morte qui renvoie au père mort bien sûr, une langue morte qui s'enseignait et une langue vulgaire qui ne s'enseignait pas… mais qui se parlait.

Alors « Nomen, Tractatus, & Fama », ces 3 termes qui tiennent ensemble, on va voir comment…

Ils tiennent ensemble, Nomen, à quelque chose de la voix. Alors bien sûr ces canonistes écrivaient une langue qui ne se parlait plus – une langue morte. Mais les débats là-dessus étaient très vivants, à l'université, partout on débattait de cela. C'est ça qui est important dans ces trois choses-là, c’est qu’ils vont en quelque sorte faire un ensemble des trois concepts. Ce qu'on voit, nous, en lisant ça, et c'est facile de le voir, c'est que ces trois concepts « Nomen-Tractatus-Fama », c'est ni plus ni moins que le « Nom-du-Père », en trois morceaux. On verra tout à l'heure qu'avec Lacan et Le Sinthome, il y en aura quatre. Alors que peut-on dire ?

On peut dire que plus on va aller dans le temps, plus ça sera l’écrit qui va dominer. Et donc ça va être l'acte de naissance qui va dominer.

Quand vous avez un acte de naissance, on suppose que vous êtes né tel jour, telle heure et que vous êtes du sexe masculin ou féminin. Mais à l'époque où écrivaient ces canonistes, il n'y avait pas d'État civil. Donc les gens parlaient. Ils parlaient en homme ou ils parlaient en femme etc. etc. Autrement dit, pour vous faire comprendre, il y aurait dans l'acte, qui est plat – l'acte de naissance c'est un écrit qui est plat n'est-ce pas –, eh bien on peut dire qu'à ce moment-là si vous êtes déclaré comme garçon ou comme fille, eh bien vous êtes « nommé à ».

Et là j'en profite pour dire enfin ce que ça veut dire le « nommé à », parce qu’on entend ça tout le temps et jamais c'est défini ! On se repasse des concepts dans notre École sans les définir. Et pourquoi pas ! C'est ainsi qu'on utilise les mots. On emploie d'abord les mots avant d'en connaître l'origine et la signification. Donc on peut dire que là il y a quelque chose en effet d'une... Comment ? C'est assez difficile à dire tout cela... Et je dois dire que ça n'est pas sans m'angoisser. [Perla Dupuis : Pourquoi ?] C'est quand même le nom ! Là.

Donc ce qu'ils vont faire, en couchant les choses par écrit, c'est ça, c’est qu’on va tout simplement en quelque sorte les mettre à plat et qu’il n’y aura plus de profondeur ! Voilà.

Au point de vue topologie, c'est très intéressant. C'est-à-dire que le « nommé à », à ce moment-là, voyez, c'est pas quelque chose..., vous avez une dimension en moins. Avec l'écriture de l'État civil vous avez une dimension en moins, alors qu’au Moyen Âge il y avait bien les trois dimensions. Il n'y avait pas d'écrit pour rabattre. C'est ça que je veux dire. Je ne sais pas si je me fais bien entendre. Mais c'est tout à fait important.

Autrement dit ce qu'on va voir c'est une nomination trinitaire. OK ? Tout le monde suit ? C'est une nomination qui est trinitaire et on va retrouver ça dans Le sinthome et à la fin de Les non-dupes errent, cette nomination trine. Alors on va prendre un par un.

Nous avons donc le nom. C'est le nom patronymique aussi bien sûr. Et il s'articule avec autre chose que le nom, c'est le « Tractatus ». Et le « Tractatus » c'est « être traité comme ».

Et puis « Fama », c'est la renommée. Comment va-t-on prouver qu'on est le fils de quelqu'un ? C'est qu'on porte son nom. On est traité comme son fils, les voisins le savent, tout le monde le sait. C'est public. C’est trois éléments qui font une trinité. Du moins chez les clercs, les gens qui ont étudié le nom ont vu dans le nom, dans le « Nomen » quelque chose de trinitaire. C'est ça qui est important.

Ce n'est pas quelque chose qui a été dégagé tout de suite « Nomen, Tractatus et Fama », ça été dégagé petit à petit, d'autant plus que le sexe posait une question c'est-à-dire où est-ce qu'on va mettre le sexe dans cette histoire-là ? Or les canonistes étaient des gens qui n'avaient pas froid aux yeux du tout et qui parlaient de sexe. C'est ça qui est un petit peu gênant, c'est-à-dire que c'est le phallus évidemment qui va être manié par les canonistes, c'est-à-dire que «Nomen-Tractatus-Fama » est absolument lié au phallus. Et ça c'est très clair dans les textes. Donc on a une trilogie.

Alors comment s'organisent ces 3 termes-là ? C'est énoncé comme ça : le nom, le Nom-du-Père, mais le Nom-du-Père c'est aussi ce « Tractatus, c'est aussi traiter le fils en fils, tout le monde le sait, c'est de notoriété publique. Et ces 3 choses-là, ça fait un nom. Un nom est toujours trine. C'est l'État civil moderne basé sur l'écrit qui nous laisse entendre que le nom est "tout seul". On dit quand même le grand nom, le petit nom. Enfin, il y a toujours quelque chose qui laisse entendre que le nom en quelque sorte est un collectif comme ça.

Alors, comment voir ça : « Nomen, Tractatus et Fama » ?

Bien sûr, « Nomen », c'est le nom, le nom propre. À l'époque, il n'y avait pas toujours des noms propres. C'étaient des sobriquets. Petit à petit on a transformé les sobriquets en noms propres. Je vous renvoie à Internet, vous y trouvez un très bon topo là-dessus, je ne voudrais pas insister.

Évidemment, la « Fama » c'est la renommée. Comment va-t-on  prouver au Moyen Âge – et même aux temps modernes – son identité ?

Eh bien, j'ai un père qui se nomme Untel, je porte son nom. Tout le monde le sait dans mon coin. Je suis traité. Je suis traité en fils, « Tractatus », on voit tout de suite que pour nous psychanalystes le « Tractatus » ça va être le trait. Immédiatement on transpose très rapidement cette histoire trinitaire du nom, on la transpose en nœud borroméen. Et la « Fama », c'est très intéressant parce qu'on entend la femme tout de suite et on entend l'objet a. Le latin est une langue admirable, telle qu'elle a été employée par les canonistes. La « Fama », on entend bien tout de suite « la femme " a " », la femme objet petit a, mais… c'est la renommée qui est féminine finalement.

C'est très intéressant de voir dans cet assemblage de concepts qu’il y a du masculin et du féminin, quelque chose qui est très intéressant à étudier dans les textes.

Voilà ce que je voulais vous dire à propos de « Nomen, Tractatus et Fama » et on va voir que ces 3 concepts, qui en fait n'en font qu'un c'est le Nom-du-Père, vont dans les textes médiévaux se chevaucher comme ça. Ils forment un ensemble. Alors on entend bien ce qui est du nom et ce qui est de l'objet, de ce qui est du nom et de l'objet petit a. Je n'insiste pas trop parce qu'il y aurait un séminaire à faire sur plusieurs séances là-dessus.

Que va-t-on en conclure ? Après tout, que « Nomen, Tractatus et Fama », au fond ça ferait 3 ronds : le rond du nom, le rond de la renommée là, parce qu’au fond « Fama » c'est la renommée, c'est fabuleux la langue française et la langue latine parce que je suis toujours renommé. C'est ça. C'est-à-dire : moi : mon identité, Jean Périn, je me nomme mais parce que je suis toujours re-nommé. Ça fait toujours trois, il y a toujours au moins deux temps et même trois. L’acte d'État civil c'est simple à côté, hop ! Je montre… et puis ça y est. Mais s'il y a une contestation ?

J'imagine que quand j'aurai 90 ans, mes voisins auront disparu, je n'aurai plus de famille, je vais me retrouver dans une maison de vieux, je dirai « je m'appelle Jean Périn », « ah oui, moi je m'appelle Machin ». Et alors ! J'ai rien dit. C'est vide. Le nom rencontre le vide. On peut donc faire un nœud borroméen avec. Le Symbolique, ce serait le nom, ce qu'on appelle le nom propre. L'Imaginaire, le renom, la renommée. Et puis le Réel, ce serait le « Tractatus », c'est "traité comme", ce serait un réel. Vous allez me dire « vous allez un peu vite en besogne parce que c'est difficile de nommer les choses comme ça avec les trois ronds ».

C'est pourquoi il en faut un 4e ! Et c'est bien la conclusion de Lacan, à la fin de R.S.I. et du Sinthome. Donc il va falloir bien sûr le 4e rond, celui du « sinthome ». Autrement dit, il va falloir comme il le dit pour Joyce, une réparation. En fait c'est un nœud qui ne tient pas et il va falloir le réparer. C'est ce que dit Lacan. Alors comment cela peut-il se faire ? Il nous l'explique. Là où il y a l'erreur de nœud, il va inscrire une rustine. C'est ça. Ce sera le sinthome. Vous vous reportez à la dernière leçon de R.S.I., vous verrez effectivement comment ça s'organise. Vous voyez le losange avec nomination symbolique (Ns), nomination réelle (Nr), nomination imaginaire (Ni). Et c'est ce que vous allez voir quand vous étudiez les canonistes, ils sont là en train de nommer, ce sont de véritables nominations.

Il y aurait donc ce losange, je ne sais pas si vous le voyez, alors comment va-t-on faire pour ce Nom-du-Père ? C'est obligé d'ajouter une dimension et c'est ça l'apport de Lacan par rapport à la philosophie médiévale, c'est d'avoir ajouté à ces dimensions. C'est-à-dire que là où les gens d'église voyaient Trois – c'est vraiment le Trois de la religion – lui il ajoute ce sinthome, une dimension, si bien qu'on est à 4. Et grâce à ce nœud à 4, on peut très bien écrire les différentes nominations et on verra que pour Joyce, il n'y a pas de nomination symbolique. Ce qu'il va naturellement suppléer par la renommée.

« Nomen » : ça manque chez Joyce,

« Tractatus » : c'est bon chez Joyce. C'est ce que j'ai fait entendre à la « mathinée » de Henri Cesbron Lavau, c'est pour cela que Marc Darmon voulait absolument connaître mes sources.

Le « Tractatus » ça ne manque pas.

Et « Fama », la renommée, qu'on peut dire le renom ; ce n'est pas le prénom.

Ce qui fait que maintenant il faut 4. L'apport de Lacan est considérable dans la nomination des populations. Parce que Nomen, Tractatus et Fama, ils sont 4 et ça permet de jouer, de faire glisser les termes, et ça pour les psychiatres c'est absolument fondamental quand ils parlent à des malades.

Alors, chez Joyce, si vous voulez, le « Nomen », il n'y en a pas. C'est la psychose mais pas nécessairement. Et c'est remplacé, j'ai écrit là « Tractatus » entre les deux, ce n'est pas nécessaire qu'ils se suivent, ce n'est pas un ordre linéaire. Le discursif est aussi récursif.

Notre État civil peut vous sembler être d'un ordre plat et linéaire, mais pas du tout. Quand il y a un procès, c'est épouvantable de prouver l'identité de quelqu'un quand les pièces ont été perdues. Vous n'avez plus d'acte de naissance, qu'est-ce que vous allez faire ? Il faudra prouver votre nom. D'où ça vient etc. Il a « Tractatus », c'est bien ce que je disais aux mathinées, il est traité en fils. Pas de problème.

Et la renommée « Fama », il va l'acquérir Joyce ! C'est son travail, Lacan le montre très bien, c'est cette renommée. Il en fait un renom.

Il peut se traduire ainsi :

C’est le cas de la filiation clandestine coupée de sa renommée. Le trait se couple avec « Nomen ».

Voyez ces 3 termes, ils peuvent jouer entre eux parce que Lacan en a ajouté un 4e. Le rond 4e. Or les canonistes du Moyen Âge étaient dans la Trinité, dans le dogme de la Trinité et dans l’amour de Dieu. Ils n'avaient pas de rond 4e. Ce serait Lacan donc qui a apporté un rond 4e. Alors avec ce rond 4e, vous pouvez faire jouer, il peut y avoir des substitutions mais pas dans n'importe quel ordre. Parce que vous savez que sur les quatre, eh bien vous avez 1 et 2 qui vont aller ensemble, et 3 et 4. Je vous renvoie à la dernière leçon de R.S.I. Donc vous allez avoir plusieurs cas de figure qui peuvent définir des névroses et des psychoses. Quand c'est bien ossifié, quand c'est bien organisé, ça correspond à des troubles.

Voilà, c'est tout ce que j'avais à vous dire aujourd'hui concernant le nom. Car le nom c'est un ensemble. Vous avez perdu vos papiers, « Nomen, Tractatus et Fama », il y aura des enquêtes d’identité. Il vous faudra le plus d'écrits possible qui viendront justifier, des témoins de notoriété etc. et vous savez que pour le droit civil, quand vous n'avez plus de papiers, quand vous êtes inconnu dans la maison, le Code civil se contente d'un commencement de preuves par écrit. Le nom ça se prouve, enfin ça s'éprouve. Voilà ce que j'avais à vous dire sur le nom aujourd'hui.

Perla Dupuis : Merci Jean Périn.



[1] Les actions d'État en droit romano canonique,

mariage et filiation, XIIe-XVe siècles,

Florence Demoulins-Ozary, préface de Anne Lefebvre-Teillard.