Mathinées lacaniennes
D'où vient ce joli accent?, Virginia Hasenbalg. rencontre au Havre.
Journée du 27 avril 2019 à Le Havre
Etranges étrangers
D’où vient ce joli accent ?
Virginia Hasenbalg
Etant donnée que ces journées sont centrées autour de la notion de l’étrange et de l’altérité, et que vous faites allusion à cette très belle ville du Havre, je vais commencer en vous parlant d’une autre ville portuaire, qui est la ville d’où je viens, et qui a été très marquée elle aussi par une immigration, celle du début du XXème siècle. Certes, c’est un autre type d’immigration. Il n’y a pas de doute que l’actuelle immigration pose beaucoup de questions, et que beaucoup d’elles restent malheureusement sans réponse satisfaisante.
Alors, si vous le voulez bien, je partirai de mon expérience en espérant que cela puisse apporter un éclairage, en tout cas, en ce qui concerne notre pratique d’analystes.
Il me semble important de souligner que la psychanalyse est une pratique, et qui en tant que telle, elle se concentre sur le positionnement de l’analyste dans la cure afin de mieux aider son patient à creuser le chemin de son désir.
Je vais donc vous dire deux mots sur une autre immigration, et les frontières qu’elle comporte.
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Un énorme flux migratoire au début du 20ème siècle a fait de la ville de Buenos Aires une sorte de tour de Babel inimaginable : on y entendait parler beaucoup de langues différentes.
L’affluence a été aussi démesurée qu’hétérogène. Six millions de personnes sont arrivées en l’espace de 30, 40 ans, venant de partout dans le monde bien qu’une bonne partie était des Italiens. Cela fait que le Porteño, l’Argentin de Buenos Aires, parle avec un accent italien, il pose sa voix comme un chanteur d’Opera, et gesticule comme un napolitain. On dit qu’un Argentin est un italien qui parle espagnol, qui aimerait être un anglais et qui se comporte comme un français. C’est l’effet de l’immigration.
Peut être la marque la plus importante de cette masse migratoire au mille langues était sa pauvreté, c’était des gens d’origine très humble, et qui pour la plupart fuyait la famine en Europe. Ils se sont entassées dans des maisons appelées les conventillos, un mot qui rappelle encore aujourd’hui ce qu’a été Buenos Aires à cette époque et dont autant la littérature que des images de l’époque font référence.
Si on ajoute à cela la prostitution, vous aurez tous les éléments qui ont fait naître le tango… A partir de ce mélange difficile à imaginer, de ce monde bizarre qu’a pu être cette ville à l’époque, émerge une création culturelle qui deviendra le sceau de l’identité du porteño et a fortiori de l’Argentin. Cette musique est indéniablement un trait identitaire, une marque indélébile qui ne s’efface jamais, comme s’il s’agissait d’un signifiant primordial.
Il faut dire que la caractéristique de cette immigration massive a été le fait d’être appelée par le gouvernement argentin lui-même, et, tenez vous bien, non seulement pour peupler un pays si jeune, mais aussi pour blanchir la population, constituée en bonne partie par des descendants des Indiens qui peuplaient la région avant la conquête de l’Amérique par les Espagnols. C’est écrit noir sur blanc, ou plutôt blanc sur noir… Ce projet de blanchir la population s’est avéré, malgré tout, efficace. Si vous allez a Buenos Aires vous pourrez constater que la majorité de ses habitants sont blancs.
De surcroit, le tango aujourd’hui est un trait identitaire qui a crée une frontière, il a crée l’espace d’un « nous » indéniable, nous les Argentins. Or, cette création ne faisait pas partie du projet des gouvernants de l’époque. Cela été quelque chose qui a émergé d’une manière complètement inattendue, une réelle invention collective, même si on discute encore aujourd’hui de ses vraies origines, puisque à cette mixité surprenante s’ajoutent les descendants des esclaves et ce que l’on appelle les bas-fonds du port et ses bordels. Ce signifiant « bas-fonds » désignant quant à lui, une autre limite. Comme un souvenir écran, il nomme quelque chose sur quoi on s’arrête, comme un arrêt sur image. Une fois prononcé, on ne va pas chercher plus loin, et on comprend que la suite concerne le sexuel.
Mais, est-ce que le trait du tango est vraiment suffisant pour constituer une identité ?
Il est certain que la musique touche au corps, et je suis persuadée que les neurosciences pourraient facilement démontrer qu’il y a un émoi particulier lorsqu’on entend les accords qui nous ont bercés dans l’enfance. Et pourtant, malgré son originalité, malgré l’espace à contour défini qu’elle constitue, elle me paraît insuffisante pour définir l’identité symbolique d’un sujet.
Le lieu géographique d’où l’on vient est un lieu porteur d’une histoire locale qui est du coup le lieu où notre histoire personnelle, familiale est immergée et s’entrelace. C’est aussi bien le lieu d’une langue forgée par l’usage de tous ceux qui la partagent et qui, à ce titre, l’habitent. Parce qu’une langue, c’est aussi quelque chose que l’on habite. On y trouve les marques de dépôts laissés par tous ceux qui, venant d’ailleurs, l’ont infléchie en y introduisant des signifiants nouveaux. L’argot de Buenos Aires, si présent dans les paroles de tango, est rempli de termes italiens. Ce sont les traces dans la langue d’un métissage linguistique. Ils sont incorporés dans le parler de tous.
Mais ceci constitue un discours social où viennent s’insérer, s’entrelacer les discours familiaux , le discours qui transmet des valeurs, des croyances, des codes, des mythes propres à chaque famille.
Ceci m’évoque une petite histoire. Il y a cinquantaine d’années, un vieux médecin m’a fait part de son étonnement devant le fait que des patients mourants, même dans le coma, poussaient un soupir de soulagement quand on les ramenaient à la maison, pour mourir. Par l’odeur, par les voix familières, le sujet reconnaît ainsi son Heim. Ce n’est pas peu dire.
De son côté, l’exile vous oblige à définir ce qu’il en est de ce Heim dont le sujet se « coupe ». Et on est amené souvent à se demander si l’exilé volontaire, quitte-il son pays, ou sa famille. Ceci est important en clinique, l’un pouvant devenir l’alibi de l’autre.
Le soupir, dans notre contexte, serait celui de retrouver un espace, qui au-delà de la sphère familiale, devient l’espace de lalangue de l’enfance, que j’écrirai en un mot, autant son ronron, que ses débordements, dans mon cas, chaotiques et latino-tropicales. Chaque langue ma foi ayant sa tonalité !
Mais cette perception du lieu de « notre histoire » ne peut être objectivé qu’à partir du moment où l’on y retourne, en venant d’un lieu Autre, c’est-à-dire régi autrement. L’objectivation n’est possible qu’à partir d’un lieu extérieur, un lieu à partir duquel le sujet est amené à se poser la question : D’où viens tu ?
Cette extériorité, je vous la rend tangible et évidente avec l’exil, avec le changement de pays. Je suis toujours étonnée de constater la facilité avec laquelle ceux qui n’ont jamais quitté le lieu où ils sont nés ont tendance à penser qu’ailleurs ça se passe pareil, qu’il y a les mêmes difficultés. Et quand ils veulent croire que c’est différent, ils idéalisent complètement ce qui serait un Autre lieu.
Et pourtant, la même logique, la même extériorité est à trouver chez n’importe qui sur le divan de l’analyste.
Le « d’où viens tu? » apparaîtra inéluctablement comme la tête de chameau de Cazotte qui demande au sujet : Que veux tu?
Et là, nous sommes de plein pied dans la topologie. Il est vrai que l’Argentine est à 13 000km. Cependant, la même procédure sera à appliquer pour celui qui est née à Paris même. C’est en quelque sorte la même distance, parce que c’est une distance qui en somme, ne se mesure pas. L’exil rend patent la trame de constitution d’un sujet, avec ses distances, la différence de langues, les traits culturels observables. Mais tout sujet soumis au travail analytique est amené à porter un regard et un réflexion sur ce qu’il est devenu en nommant des choses qui pour lui allaient de soi. On peut dire aussi, en s’en détachant.
Les réponses possibles à la question d’où viens tu ? sont souvent en clinique l’alibi du sujet. Mon pays était comme ceci, ma famille était comme cela. On comprend, on saisit. Mais encore ?
Le sujet en analyse est amené à faire un détricotage, celui qui s’opère sur le divan, pour déchiffrer comment le discours familial a transmis sans le savoir les principes colportés par les générations qui l’ont précédé, ainsi que leurs symptômes, leurs propres indicibles, et insérés dans le lien social qui leur faisait place et résonance. Le social où s’inscrit le discours familiale du patient fait partie du symptôme qui l’amène, ici ou ailleurs. Et situer le symptôme dans le bain de la culture qui l’a vu naître est toujours pertinent.
Lorsque vous vous exilez, disons, par choix subjectif, en pensant que vous avez la liberté de voir comment les choses se passent ailleurs, vous êtes responsable du choix de traverser une frontière. A fortiori, traverser la porte du cabinet de l’analyste est un choix qui invite le sujet à démêler son symptôme comme autant de choix inconscients.
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La lecture du texte de Freud sur l’Unheimlich va nous permettre d’avancer sur cette question. Certes, Freud rappelle que Heimlich renvoie, entre autres, à la signification de « pays natal ». Mais le champ de significations de ce signifiant Heimlich est bien plus complexe qu’un lieu géographique. C’est le seul texte de Freud où il s’adonne à un travail de linguiste aussi long et détaillé, ce qui fait dire à Lacan que Freud démontre là à quel point l’ordre du signifiant était au coeur de sa réflexion.
Encore une fois nous voyons en action la logique d’un topos , d’un lieu singulier, une logique qui désigne un espace qui peut paraître à première vue contradictoire. Quelles sont les frontières sémantiques d’un tel signifiant qui signifie une chose et son contraire ?
Freud associe avec ce terme des éléments qu’à première vue peuvent paraître contradictoires : le familier aussi bien que l’étrangement inquiétant, l’espace où nous sommes chez nous à l’aise, aussi bien que l’émergence inattendue de l’angoisse.
Faisons une liste de situations évoquées par Freud, pour chercher ensuite la façon dont la lecture de Lacan réussira des années après à en faire un nombre réduit de facteurs en jeu.
- Nous avons à faire à la dimension du fantastique, où le sentiment rassurant de la réalité bascule. On se laisse prendre par la main par l’auteur du texte, qui nous embarque dans une réalité rassurante, et d’une manière inattendue on se trouve dans une réalité menaçante et étrange. Nous sommes dociles à l’appel du poète. Il peut détourner nos sentiments d’un effet pour l’orienter vers un autre. L’auteur sait jouer sur les frontières non pas géographiques mais proprement psychiques, où l’étrange peut apparaître là où l’on l’attendait le moins comme simple effet d’écriture. On a affaire ici au rapport à un autre, l’écrivain, dont l’intention, le désir nous déconcerte, nous prend par surprise. Irruption donc inattendue du désir d’un autre.
- Est évoquée aussi toute la problématique du double, avec l’expérience étrange du sujet qui est effrayé par la découverte soudaine d’une figure menaçante qui se révèle être sa propre image dans un miroir. Ici le sujet se voit lui-même comme un autre menaçant. Voici ce que dit Freud dans une note en bas de page sur la question du double: il ne fut pas peu effrayé en reconnaissant dans la figure qu’il venait d’apercevoir son propre visage. La même expérience est décrite ainsi : je m’aperçus, tout interdit, que l’intrus n’étais autre que ma propre image reflétée dans la glace. Voyons ici le surgissement d’un autre menaçant à partir de notre propre image spéculaire. L’image spéculaire est par définition rassurante, mais, sous certaines conditions, elle peut prendre ce caractère effrayant.
- Puis, l’insistance de la répétition, propre à la deuxième topique, ici très singulière : Anecdote de Freud qui se perd dans une ville : Un jour où, par un brûlant après-midi d'été, je parcourais les rues vides et inconnues d'une petite ville italienne, je tombai dans un quartier sur le caractère duquel je ne pus pas rester longtemps en doute. Aux fenêtres des petites maisons on ne voyait que des femmes fardées, et je m'empressai de quitter l'étroite rue au plus proche tournant. Mais, après avoir erré quelque temps sans guide, je me retrouvai soudain dans la même rue où je commençai à faire sensation et la hâte de mon éloignement n'eut d'autre résultat que de m'y faire revenir une troisième fois par un nouveau détour. Remarquez ici la note humoristique de Freud : il veut quitter ce lieu marqué par le sexuel. Et il n’y arrive pas, et qui plus est, « il commençait à faire sensation ».
Il faut dire que cette traduction du texte freudien est incorrecte. J’ai demandé à notre collègue, Patricia Kreissig. Ce qui Freud dit in der ich nun Aufsehen zu erregen begann, veut dire « à faire de sorte que tout le monde me regarde ». On voit ici encore, la dimension du regard que Lacan reprendra en compte plus tard comme axe de lecture de ce texte.
- Un autre exemple est celui de « l’Homme aux rats », qui voit son voeux de mort se réaliser. Le voeux de mort du vieillard qui le prive d’être dans la chambre contiguë d’où logeait une charmante garde malade. Ce fut pour l’homme aux rats un événement étrangement inquiétant, Son voeux semble magiquement se réaliser, comme s’il suffisait de souhaiter les choses pour qu’elles se réalisent. C’est une phase qui correspond à l’animisme des primitifs, que chez aucun de nous elle n’ait pris fin sans laisser en nous des restes et des traces toujours capables de se réveiller. Autrement dit, il y a des choses qui relèvent des étapes originaires, primordiales du sujet qui ne sont pas dépassées à 100%. Elles peuvent faire retour.
Freud résume alors que l’Unheimlich n’est en réalité rien de nouveau, d’étranger, mais bien plutôt quelque chose de familier, depuis toujours à la vie psychique, et que le processus du refoulement a rendu autre.
Il introduit alors le refoulement pour dire que l’étrange a moins à faire avec l’inconnu qu’avec ce que l’on sait depuis toujours mais on se refuse d’admettre. Ce serait la façon dont nous sommes dirigés par notre inconscient, celui qui résulte des inscriptions et des interprétations du sujet dans son passé.
On peut quitter un pays, une géographie. Traverser une frontière. Mais en psychanalyse, le lieu du sujet est à situer dans un espace qui transcende l’espace géographique.
La réalité où nous nous trouvons à l’aise, dans l’intimité du foyer, réconfortés dans le pays natal, - ce qui est la définition même du Heim - peut basculer vers l’Unheimlich, sans traverser le pas de la porte.
C’est pour faciliter la compréhension de cette idée de l’espace que Lacan va se servir de la topologie, à laquelle il va se consacrer dans les derniers séminaires.
Certes, la topologie paraît complexe. Mais je crois que c’est plutôtt un terrain aride, qui génère résistance à cause de la mise de côté du souci de se faire comprendre. C’est une articulation théorique qui cherche à démontrer son efficacité en faisant l’économie du sens. Le sens est notre Heim, on le partage comme on partage un repas de fêtes. On est bercés par le sens. La topologie dans ce cas, est Unheimliche ! Dans le noeud borroméen, le sens n’est qu’un aspect des choses; il est nécessaire, mais il n’est pas suffisant.
J’essaie ainsi de vous montrer que l’espace géographique, l’espace familier de trois dimensions ne se prête pas à imaginer ce qu'il en est de l’appareil psychique, pour employer le terme de Freud.
Il s’agit plutôt d’imaginer un espace qui rendrait compte des effets de la parole et du langage marqué par l’effet du refoulement qui nous constitue.
L’épilepsie, la folie, et j’ajoute volontiers la sexualité ou la haine sont des manifestations étranges de l’humain, qui se présentent comme des forces obscures qui font irruption dans le calme du long fleuve tranquille.
A plus forte raison, un lapsus qui décoiffe, un acte manqué révélateur.
Tous les exemples du texte de Freud, aussi hétérogènes qu’il puissent sembler, renvoient à l’infantile.
Comme un moment où les limites entre la réalité et l’imagination s’effacent. Avec l’âge adulte on croit les avoir dépassé et pourtant…
Les organes génitaux féminins sont également étrangement inquiétants, nous dit Freud. Ceux qui travaillent sur le séminaire à l’étude à l’ALI, celui de la Relation d’Objet auront sans doute lu ce passage fort intéressant sur cet Unheimlich particulier, lorsque Lacan formule (je cite) la résistance des sujets masculins à admettre bel et bien effectivement que les sujets féminins sont véritablement dépourvus de quelque chose … C’est à ce niveau qui s’enracine une méconnaissance souvent maintenue avec une ténacité qui influence toute la conception du monde du sujet, et tout spécialement sa conception des relations sociales… Pourquoi ce quelque chose serait si difficile à admettre…?
Il y a encore un autre aspect de la question. La troisième partie du texte de Freud décrit notre rapport aux auteurs littéraires, lorsque nous nous abandonnons comme des enfants, somme toute, au récit d’un auteur, en nous laissant bercer par un texte. On est embarqués dans la réalité qu’il nous présente, et tout à coup ça bascule dans l’inquiétant.
On vérifie encore que la bascule en question est quelque chose qui fait vaciller la réalité. Le Heim, serait donc l’appui assuré d’une connaissance de la réalité, la réalité constituée de l’âge adulte.
Mais après tout, qu’est-ce que la réalité ?
Ne se constitue elle pas à partir de ce leurre fantastique qui est l’image dans le miroir où le moi va trouver ses assises ?
Mais ce monde rassurant se constitue aussi de la mise de côté d’éléments qui doivent rester cachés, comme le sexe, la haine ou la mort. Autrement dit, à partir de ce que le noeud borroméen nous oblige à distinguer d’une façon nette, comme appartenant au registre du Réel.
La lecture que Lacan fait de l’Unheimliche mérite toute notre attention. Dans le séminaire sur Le désir et son interprétation, il affirme que l’Unheimliche ce n’est pas exactement l’irruption de l’inconscient mais qu’il est lié à une sorte de déséquilibre qui se produit dans le fantasme. Le fantasme étant ce qui soutient la réalité.
C’est dans le séminaire sur l’Angoisse que Lacan va longuement développer sa lecture de ce texte qu’il présente comme la cheville indispensable pour aborder la question de l’Angoisse. Je ne peux que vous convier à sa lecture en espérant qu’on puisse reprendre cette question complexe de la mise en place du fantasme.
En résumé, la topologie nous aide à accepter des faits d’apparence paradoxale, comme celle de la distribution de lieux à prendre en compte dans une cure. Et il en va ainsi aussi pour ce qu’il en est du temps. Les coordonnées du désir sont inscrites chez un sujet dès le départ, et resteront les mêmes toute sa vie durant.
Même s’il vient d’un pays autre, il est régi par les mêmes lois de la parole que nous, à condition d’envisager l’au-delà de tout ce qui peut nous faire penser qu’il est étranger, comme sa langue, sa couleur de peau, ses croyances, sa nationalité, etc., et surtout à condition que lui, il puisse se poser la question, d’où je viens ?